vendredi 27 avril 2007

Choisir, c’est s’engager

Il vous arrive, sans doute, de vous promener l’estomac vide et de passer au même instant devant un restaurant accueillant, dont certaines odeurs de cuisine excitent vos papilles. Votre marche ralentit, vos pas peuvent s’arrêter, comme par hasard, juste en face de la carte des menus. Puis vous parcourez celle-ci, ligne par ligne ou en diagonale et votre envie soudaine de goûter à un plat alléchant, vous pousse à pénétrer dans cet endroit. C’est finalement simple de choisir un restaurant.

Par contre, choisir des acteurs, c’est une toute autre histoire.

Lorsque j’écris un scénario, qu’il soit court ou long, des personnages apparaissent, prennent vie et leur contour s’impose au fil des séquences, cependant chaque personnage a rapidement son caractère, ses petites manies, un passé, chaque personnage peut être étiqueté ou représenté par un portrait robot, il peut même être carrément intégré dans un story board etc., bien avant le mot fin.

Au stade de la préparation, j’ai donc des idées, en général, précises des personnages et lors des castings, je cherche celle ou celui qui collera au mieux au personnage. Mais attention, c’est une opération qui s’avère souvent délicate, elle se corse un peu voire pas mal. Pourquoi ? Eh bien, mes critères varient à chaque fois en fonction du contexte.

Par exemple, je peux choisir un acteur qui est à l’opposé de ce que j’imaginais avant de le rencontrer car par son jeu, il a su se rapprocher du personnage que j’ai créé, ou parce qu’il lui a donné une personnalité qui m’intéresse davantage ; je peux choisir un acteur pour son physique car il colle parfaitement au personnage et s’il joue bien, rien ne s’y oppose. Je peux aussi prendre un acteur car c’est lui qui m’a inspiré un personnage du script. Je peux également choisir un acteur car entre nous, un courant passe, nous permettant chacun de faire briller au mieux son talent. En revanche, jamais je n’ai pris un acteur par défaut, il faut que la réalisatrice que je suis, croie en l’acteur, pour l’aider à s’exprimer pleinement.

Un casting signifie compétition, que le meilleur gagne mais quand en final, il est difficile de sélectionner un acteur car deux acteurs sont aussi excellents l’un que l’autre, comment se décider sans regret ? Le talent, la notoriété, la chance, la complicité, la disponibilité, qu’importe, cela peut être les cinq à la fois.

Pour « Partie de poker », c’est la première fois que deux acteurs me choisissent comme leur réalisatrice, il est vrai qu’il y a toujours une première fois. Damien Bianco et Paul Nguyen m’ont demandé de les mettre en scène, j'ai accepté devant l'audace de Damien ; quant à Isabelle Moreau, elle a fait le casting de la femme flic qu’elle a réussi avec succès et Alain Poudensan Robin a été pris car je savais qu’il endosserait parfaitement le personnage du pdg américain.

Ce court métrage représente bien comment le choix des acteurs peut différer d’un film ou d'un metteur-en-scène à l’autre et ce n’est pas qu’une simple affaire de goût.





Et demain, une petite surprise sur l'après Cannes ;-)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,

C'est une vidéo bien sympathique. J'ai toujours trouvé ça très intéressant de savoir comment on pouvait penser a tel ou tel acteur. C'est vrai, l'histoire peut etre génial, les décors somptueux, la mise en scéne parfaite, la distribution d'un film est un élément important qui contribue a donner vie à une histoire avec conviction et il est toujours important de bien choisir ces comédiens.

J'en découvre un peu plus encore sur le casting de ce film ca fait plaisir. Une fois que j'aurais vu "Partie de poker", j'en aurais des choses à mettre sur mon blog dans la partie consacré aux anecdotes ^^

A bientôt,
Vlad